Von der Essenz unzertrennlich.
Kunstausstellung von Branka Djordjevic und Doris Becker im „kjub“
Neben den Gemälden von Branka Djordjevic zeigt das
„kjub“ außerdem die Keramiken von Doris Becker, die noch vor
einigen Tagen im Rahmen der Wanderausstellung „Keramiksymposium Gmunden 2008“ ihre Kreationen in der Galerie des Schlosses Bourglinster zur Schau gestellt hat. Jahrelang arbeitete die
luxemburgische Künstlerin auch mit Holz und Stein, doch ihre Liebe gehört einzig und allein der Kunst der Keramik, eine der ältesten Kulturtechniken der Menschheit.
Konstruktion statt Dekonstruktion
„Im Gegensatz zur Bildhauerei, nimmt man in der Keramik keine
Masse weg, sondern man fügt behutsam, Schritt für Schritt, neue
Materie hinzu“, verdeutlicht Doris Becker, deren hingebungsvoll
geformte Kunstobjekte wie mit Diamanten überzogene Gesteine
wirken, die Jahrtausende lang unbemerkt an einem verborgenen
Ort lagen. Heute stehen sie im „kjub“ und warten nur darauf, entdeckungsfreudigen „Schleckermäulern“ ihre Geschichte zu erzählen.
Tageblatt, avril 2010
Vent de printemps chez Orfèo
C’est dans le cadre ensoleillé de ce joli mois d’avril au printemps assez précoce – à part une glaciale giboulée de grêle qui m’a cueilli justement à la sortie de la galerie – que madame Ciacchini, la galeriste, nous présente une vieille connaissance, Michaela Gottstein, ainsi que deux remarquables découvertes, Paolo Marcolongo et Doris Becker.
……….
… il est d’autre part exact que le concept de beauté est parfaitement subjectif, et qu’il n’existe aucune loi ou règle prescrivant que l’art soit confortable ou utilitaire. Ce n’est d’ailleurs pas non plus le cas des brillantes créations de la troisième artiste présente, la sculptrice
Doris Becker
Née en 1954 à Luxembourg, elle a étudié de 1992 à 95 céramique et modelage à l’Ecole des Arts et Métiers, de 1996 à 98 sculpture sur bois et pierre à la C.e.p.a. Art Academy, de 2002 à 2005 céramique à l’Atelier Rosie Edmonston, en 2005 le modelage à la Kunstakademie de Trèves, ainsi que de 2006 à 2009 céramique, sculpture et histoire d’art à l’Académie des Beaux Arts d’Arlon. Et, le moins qu’on puisse dire, amis lecteurs, c’est que cette longue période d’étude et d’apprentissage tardivement entamée avec toute la détermination d’une authentique vocation, aura porté des fruits d’une très grande richesse. Suivront en effet dès 2006 plus d’une trentaine d’expositions à travers l’Europe, ainsi qu’en Argentine et en République Dominicaine, trois symposiums et résidences d’artistes et neuf mentions en publications. Il faut mentionner en outre la présence permanente d’oeuvres de Doris Becker à l’association A.I.R. (3) Vallauris, ainsi que dans six autres musées.
Aujourd’hui elle nous permet d’apprécier une série de sculptures abstraites très originales. Mais cette abstraction n’est-elle pas plutôt apparente ? Ne s’inspire-t-elle pas de motifs naturels (le plus souvent marins) ou classiques dont elle emmêle, bouleverse et réinterprète les géométries natives ou existentielles dans un désordre à l’esthétique intuitive ? Ébahi, le visiteur y accède à ce qui eût éventuellement pu être corail, cnidaire, squelette d’oursin, aster, galet brisé, champignon, cauri, molaire de mammouth, fragment céleste, pur fruit d’imagination ou que sais-je, et qui apparaît en fin de compte pur objet d’art. Ce visiteur, donc vous ou moi, ne peut qu’admirer cette fragmentation artistique de la nature entre les doigts inspirés de l’artiste. En outre, comment ne pas vouloir rêver en quittant le système solaire et plonger, au-delà des sculptures qu’elle expose au deuxième étage de la galerie, dans les profondeurs insondables de son tableau – oui, tableau – Trou noir, quasiment corps et âme ? Enfin... c’est une façon de parler ; bien sûr, mais, franchement, ça vient du coeur.
Galerie d’art Orfèo, 28, rue des Capucins, Luxembourg ville. Site : www.galerie-orfeo.com/. Contact : tel/fax 222325. Exposition ouverte Mardi à samedi de 10.30-12.30 et de 14.00 - 18.00 h jusqu’au 22mai 2011.
Giulio-Enrico Pisani
ZLV. avril 2011
Le temps, cet imposteur
Doris Becker, céramiques, et Marc Theis, photos
Pour Doris la céramiste et Marc le photographe, deux artistes luxembourgeois «qui se sont faits tout seuls», le passé ne s'observe pas dans un bocal de formol.
Si Doris Becker et Marc Theis prennent appui sur le révolu, ce n'est ni par archéologie ni par nostalgie mais pour permettre aux choses de vivre une vraie (nouvelle) vie. Une façon de démontrer – dans le sillage de Proust, mais avec moins de pompe – que l'œuvre d'art permet d'abolir les limites imposées par le temps.
En fait, Doris – née en 1954, vivant
à Fischbach – et Marc – Dudelangeois né en 1953, vivant à Hanovre – ne se connaissent pas. S'ils exposent tous deux à Dudelange, en deux lieux – l'une au Centre d'art Dominique Lang, l'autre au Centre d'art Nei Liicht –, c'est que le hasard du calendrier a ses raisons que notre raison ignore. Pour le coup, ce qui fait lien ou sens, c'est le travail de la mémoire. Et ce n'est pas triste. Et tout continue... Doris Becker observe. La nature. La texture minérale de la terre. Celle, gelée, qui a l'allure d'une pierre. Celle, sédimentaire, qui emprisonne un végétal (ou un animal) et dont le moule, au fil des siècles ou des millénaires, fait le bonheur des chasseurs de fossiles. Doris, les mains dans la terre et le feu, nous parle bien sûr des transformations dues au temps qui passe. Elle nous dit certes que le temps n'est ni figé ni circonscrit, que l'évolution est permanente – qu'une pierre peut devenir métal ou qu'une matière organique peut imiter le caillou –, mais elle nous révèle surtout combien les inexorables décompositions ou déformations sont avant tout de magnifiques épiphanies, des occasions, tout aussi inexorables, d'inouïes reconstructions. Bref, non contente de pousser très loin la céramique contemporaine dans ses techniques de fossilisation, d'empreinte et de transmutation, Doris Becker prouve une indécrottable confiance en cette mémoire qui, en toutes choses, garde intact le goût de la vie: c'est ainsi, dans telle grosse «pierre», tranchée au milieu, que des alvéoles continueraient de respirer, ou que, dans tel «artichaut» désormais statufié, un cœur n'aurait jamais cessé de battre… C'est en tous les cas pour mieux nous le faire croire que Doris Becker installe ses travaux dans tous les recoins et niveaux de l'espace Dominique Lang, comme une chaîne d'ADN.
De son côté, chez Nei Liicht, le photographe Marc Theis endosse aussi l'habit du vrai faux scientifique. D'abord, oui, la photo est irréprochable: rien de trop, rien de bancal, conforme au diktat séducteur de l'image publicitaire (qui est le fonds de commerce de Marc). Ensuite, à l'évidence, il s'agit d'une (énième) plongée en friches. Marc Theis (nous) documente (sur) un lieu désaffecté (en l'occurrence, une usine de pneus de Hanovre désertée en 2004/2005). Sauf que l'artiste s'attarde moins sur les dégâts naturels (notamment des eaux) que sur ces expressions de mauvaise ou sauvage réputation que sont les tags. Sauf (surtout) que lesdits tags, mythifiés par les gros plans, sont précisément savoureux, hérauts graphiques, parfois narratifs, toujours anonymes, d'une bonne dose de dérision. Morale de l'histoire, là où le créatif passe, l'oubli trépasse.
Marie-Anne Lorgé, "Jeudi"
Jusqu'au 23 février,à Dudelange (L)
Centre d'art Dominique Lang: Doris Becker, «Cries and Whispers», céramiques;
Nei Liicht: Marc Theis, «3 x 8», photos.